Najoua Belyzel après l’absence elle nous présente sa renaissance dans : Le Con qui s’adore un titre évocateur et touchant !

Najoua Belyzel après l’absence elle nous présente sa renaissance dans : Le Con qui s’adore un titre évocateur et touchant !

Najoua Belyzel après l’absence elle nous présente sa renaissance dans : Le Con qui s’adore un titre évocateur et touchant !

Bonjour Najoua Belyzel, on se souvient du titre “Gabriel” qui s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires dans le monde ; qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir chanteuse ?

N.B : C’est en quelque sorte un bel accident de la vie ou plutôt un détournement de situation. Avec le temps, j’aime appeler ça Mektub, la destinée. Parce que bien qu’au départ j’ai cherché à accéder au monde de la musique, par un casting d’ailleurs ! il s’agissait juste d’une envie de liberté, de m’amuser, de vivre quelque chose de coloré de vivant.Une douce folie m’a poussé vers Paris en 2002 ; j’ai vécu l’aventure avec le groupe Benoît et le tube de l’été « Tourne toi Benoît » où j’étais choriste et danseuse à la fois, bien que je ne savais pas vraiment danser (rires).
J’étais étudiante en droit, j’avais 19 ans. Au bout d’à peine un an, bien consciente que cela ne durerait pas, j’ai choisi d’arrêter avant que cela ne s’arrête. Puis ... plus tard en 2003, Christophe Casanave me met face à moi-même à travers des textes mélancoliques et sombres que j’avais commencé à écrire adolescente. Il me ‘révèle’ et je me
mets à chanter, à raconter mes vérités, mes peurs, mes rêves.

Vous vous êtes entouré des meilleurs durant votre carrière, on pense à Christophe Casanave, comment s’est passé votre rencontre ? Vous êtes toujours aussi épanouie ?

N.B : Avec le temps j’ai trouvé un équilibre. A la conquête des autres, de mon imaginaire, de ma misandrie aussi… je suis tombée sur moi-même. Et inversement, à la conquête de moi-même, j’ai découvert plus d’une femme en moi, une puissance intérieure qui m’a permis de m’ouvrir et de comprendre l’altérité et des choses du domaine spirituel et philosophique.

L’expérience de l’existence avec tout ce que cela cache et révèle ; je peux dire que je suis épanouie c’est vrai, mais en constante quête de moi et toujours de l’autre. Les rencontres sont la clé de toute chose. Lors de ma rencontre avec Christophe Casanave au début de l’automne 2001, j’ai découvert une nouvelle saison qui n’existe que par moi. Elle m’a donné confiance en moi et en l’autre. Il est à mes yeux le meilleur de moi et surtout de lui-même, mais il ne le sait pas toujours (rires).

Quel regard portez-vous sur l’industrie musicale aujourd’hui ?

N.B : Un regard assez curieux et je me questionne davantage qu’avant. Les choses changent forcément, cela fait partie du jeu du temps. Et tout va très vite. La disparition des espèces (rires), de la cassette, du vinyle, et les disques sont de plus en plus remplacés par le téléchargement et le streaming. Je me souviens de la violence de la crise du disque en 2007. Cela ne remplacera jamais un concert avec des musiciens, le contact avec le public et les vibrations uniques qui s’en dégagent. J’ai d’ailleurs sorti par nostalgie tous mes albums au format vinyls et cassette (rires).

Featuring avec BEL, y a-t-il d’autres artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ?

N.B : Musicalement, j’ai fantasmé longtemps sur Stromae que l’écoute souvent. Il incarne quelque chose en moi de Brel, que nous avons en résonance commune. J’aime aussi beaucoup Gaël Faye et Eddy de Pretto. Un jour j’aimerais chanter en duo par hologramme avec des grands artistes hommes et femmes qui ne sont plus de notre monde.

Petite, vous rêviez à quoi ? La scène, les paillettes…

N.B : 
Je rêvais de vivre ailleurs, de liberté, d’élévation, de reconnaissance, d’amour aussi. J’aimais bien le français, la musique et le sport à l’école et cela m’a ouvert les portes à la créativité à l’écriture. Je m’inspirais des états d’âmes adultes que j’espionnais par le petit écran ainsi que par la lecture de poètes comme Victor Hugo plus tard au lycée. Je n’avais pas peur de grandir. Je suis passée par des tas d’envies. J’aimais la gymnastique, l’acrobatie. J’étais très mince, je me contorsionnais dans tous les sens jusqu’à la douleur.Dans le cadre périscolaire en été, j’ai créé des chorégraphies aussi avec ma bande de copines où on se déguisaient sur le thème du rock avec de l’encre bleu sur les lèvres, des shorts en jean troués sur des collants résilles.

Attirée par la musique, je dansais sur la table de mon salon avec une brosse à cheveux, je mimais Madonna ou Rita Mitsouko. Ça me rappelle que lors de ma rencontre avec Christophe Casanave, sur un pari puéril j’ai fini
sur une table à chanter fort et faux (rires).

Revenons au titre le “Con qui s’adore” extrait de l’album : « Rendez-vous… » Un thème d’actualité, puisque vous avez abordé un thème touchant, celui des abus sexuels dont vous avez été victime, quel est votre message ?

N.B : Le message est simple et clair : protégeons nos enfants avant tout. Les droits des enfants sont précieux à mes yeux de par mon passé et ce que j’ai vécu. Rien n’est jamais acquis on doit se battre et combattre. Alors battons-nous pour nos droits humains, nos droits féminins qui se doivent d’être en adéquation avec la violence que la société a pour effet dévastateur. Les temps changent, les lois doivent aussi évoluer. En tant que femme, artiste et maman, je me sens concernée et investie, plus que cela, c’est un devoir de dénoncer, de faire passer les messages, d’être dans la parole vraie qui peut faire avancer, évoluer les débats juridiques mais surtout les lois sur les problèmes sociaux et sociétales et pire encore le fléau qu’est la pédophilie ou les feminicides prémédités ou non.

Dans mon enfance j’ai été abusé sexuellement par un homme qui était mon médecin de famille. Il a eu sur moi ainsi que mes proches une emprise, quelque chose de tordu. J’ai gardé le silence et je me suis enfermée. Peut-être par pudeur dans le tabou qu’est le sexe chez l’enfant et le rapport malsain qu’un adulte peut exercer sur un enfant mineur. J’avais peur, j’avais honte, j’avais dans la tête une zone sombre et grise dans laquelle j’ai occulté ces faits en me demandant sans arrêt dans mon corps et dans ma tête, si ce docteur avait le droit de me faire ça. Et il n’en avait absolument pas le droit. Aujourd’hui le débat sur le consentement d’un mineur dans une relation sexuelle n’a pas lieu d’être, je m’oppose fermement à cela. Comment peut-on dire « oui » à 13 ans à la violence sexuelle imposé par un
adulte ou même un autre mineur ? Le seuil d’âge à la sexualité doit rester 15 ans. La loi ne doit pas donner aux prédateurs un accès juridique ouvert ou un champ de possibilité.

La chanson Docteur gel m’a permis d’exulter une partie de ma douleur, de me confesser aussi car beaucoup de gens ignoraient ces faits d’abus sexuels. Je me suis accordée moi-même la parole grâce à homme qui m’a indiqué une voie que je n’aurai probablement pas emprunter seule. En 2006, le sujet était endormi, ce n’était pas quelque chose qu’il fallait que j’avance en interview et certains journalistes qui savaient bien que mon album était autobiographique ne
soulevaient même pas la question.

Aujourd’hui beaucoup de voix s’élèvent grâce aux réseaux sociaux et au mouvement « me too ». Cela nous vient de l’étranger… En France grâce à la littérature et les livres « Le consentement » de Vanessa Springora, ou sur l’inceste avec la « Familia grande » de Camille Kouchner, le sujet est discuté dans les médias et les lois sont observées au Sénat et par nos législateurs. Ce courant m’a permis de parler de ce qui m’est arrivé dans mon enfance, justement parce que la loi sur le consentement m’a interpelé. Il faut protéger nos enfants.

Mais aussi et surtout leur parler, leur expliquer, leur dire que leurs corps leurs appartiennent et à nul autre personne et les rassurer. Le dialogue doit être primordial. Vous savez j’ai reçu des lettres de personnes suite à la sortie de mon premier album ? Des témoignages de jeunes filles qui grâce à ma chanson « Docteur Gel » ont trouvé le courage et la force de dénoncer leur bourreau leurs violeurs. A ce moment, j’ai compris tout le bien que je pouvais faire par la force d’un message d’une vérité même si cela est douloureux. C’est pour cela que j’aime aussi mon métier.

L’industrie de la musique est un milieu impitoyable, comment fait-on en tant que femme et artiste pour ce faire sa place ?

N.B : Je n’ai pas de mode d’emploi, s’il y en avait un, j’ose espérer que l’une d’entre nous l’aurait partagé et crié haut et fort ! J’ai eu de la chance, j’ai eu la belle rencontre aussi riche artistiquement qu’humainement dès mes débuts dans cette industrie qu’est la musique. J’ai été confrontée, à deux et non pas seule, à la face cachée de ce monde qui est encore d’une férocité et d’une grande complexité… Et comme nous étions deux, Christophe et moi, nous nous sommes protégés mutuellement. Christophe Casanave est un visionnaire et un alchimiste pour moi, je l’ai suivi les yeux fermés.

Mais à un moment je me suis retrouvé seule face à la lumière puissante qu’est le succès et toutes ces particules d’ombre qui vivent tout autour… C’est à ce moment-là que j’ai trouvé ma force et ma légitimité en tant que chanteuse car je me retrouve seule face à moi-même. J’avais juste à prendre ce qui m’était donné puis rentrer chez-moi ; hélas ça ne marche pas comme ça. Il y a des règles, des dicktas, des codes et même des modes dans la musique.
On a l’impression que c’est une machine à jeu, aux règles aléatoires, mais ce n’est pas tout à fait ça. En tant que femme, je regrette juste de ne pas avoir eu de relation avec d’autres femmes, artistes ou pas. J’ai toujours été entourés d’hommes, et je le suis encore aujourd’hui. J’ai travaillé avec des mecs, de la création d’un album jusqu’à sa sortie. Même les statistiques me donnent l’info que j’ai une majorité d’hommes dans mon public, certainement grâce à mon hit « Gabriel » ; une icône gay en quelque sorte.

Aussi je pense avoir trouvé en eux une sensibilité plus ou moins égale à la mienne, qui a comblé le manque de soutien ou d’égard féminin. Je ne pense pas que les hommes ont plus de chance ou le droit d’être artiste, de l’envisager ou de créer la musique. Ou que c’est plus facile pour eux et compliqué pour une femme. Il y a simplement une part de mystère, il n’y a surtout pas de recette au succès. Être soi-même et /ou se prendre pour une autre personne,
c’est une liberté à prendre, qu’elle soit dans la vérité ou dans le mensonge. Elle parle forcément à une partie de nous et de l’humanité entière. Mais je veux bien croire que pour les mecs se soient plus simple.

Votre voix ne ressemble à aucune autre, vous avez suivi des cours de chant pour apprendre à la maîtriser ou bien est-ce inné ?

N.B :  Merci c’est très gentil ! J’ai découvert Marie La Forêt il y’a quelques années et sachez que ma voix se rapproche de la sienne… J’y trouve une ressemblance et j’y suis même attaché vu l’effet que ça m’a fait la première fois que je l’ai entendu. J’ai fondu en larmes. J’ai pris quelques cours de chant pour la sortie de mon deuxième album parce que je manquais de confiance en moi étant donné que je manquais de technique et que j’avais fait peu de concerts. Mais les cours de chants ont commencé à modifier mon timbre et ma respiration et par conséquent mes propres émotions. Alors j’ai arrêté. On va donc dire que c’est inné puisque je chante avec émotion, mot par mot.

Le quotidien de Najoua Belyzel, ça ressemble à quoi  ?

N.B : En ce moment c’est l’écriture de mon premier roman. Je me suis imposé une discipline de travail. Un cadre en quelque sorte, pour ajuster mon temps libre et être prolifique aussi. Car je suis maman mes filles sont en bas âge et cela me demande toute mon énergie. Je suis dans la promotion aussi de mon dernier album « Rendez-vous… de la lune au soleil ». Je réponds à des interviews comme la vôtre (rires) et je viens aussi de boucler une seconde
session Unplugged qui sera diffusée le 9 avril sur mon site ; vu que la pandémie nous a tous paralysé et a changé nos modes de vies.

Vous avez déjà postulé à des castings de chant ? Racontez-nous votre meilleur et pire souvenir…

N.B : Oh j’adore cette question ! Mais ouiiiiiii (rires). Je peux vous parler de deux castings : Graines de stars, un jour je finirai par avoir la cassette de ma prestation de la chanson « Bohemian rhapsody » de Queen. Mais sans suite vu que je n’ai pas eu de retour de Laurent Boyer (rires) !

Puis en octobre 2001 suite à une annonce de casting. Dans mon souvenir, l’annonce était « Producteur musique électro dance française cherche danseuses-choristes de 18-25 ans, moins d’1,65cm mignonne souriante et pétillante ». J’ai pris le numéro de téléphone des deux producteurs et je me suis écriée « eh oh mais c’est moi » !!! J’ai alors posté mon numéro de téléphone et j’ai été banni pour échange de données privées (rires). Quelques jours plus tard, ma vie bascule. Je suis à Paris et je rencontre un étrange garçon dont je tomberai puissamment en Amour, qui me révélera humainement et artistiquement, qui m’épousera et me fera mère de deux petites filles merveilleuses.

Quels conseils donneriez-vous aux membres de casting.fr qui ont prochainement une audition de chant à passer et qui aimerait décrocher un casting ?

N.B :  
Ce n’est pas vraiment un conseil mais plus un partage de mon expérience. Je ne sais pas si ça marche pour toutes les âmes en quête de casting, de révélation… Mais je dirais d’être plus que soi-même, être ce qu’on aimerait être, tout et son contraire. Le faire sentir comme si on était tout et rien à la fois. Vibrer de tout ce qui nous entoure… La lumière est en nous même en réalité. Créer une aura qui ressemble à ce qui manque tout autour. Être dans la petite folie aussi. Apporter une valeur ajoutée. Lors de mon casting, j’ai pas eu peur parce qu’en réalité, j’en avais rien à faire d’être retenue ! Je me suis surtout démarquée des autres en donnant une part de moi que les autres ne pouvait pas avoir, en l’occurrence mes textes. Ce jour-là de façon inconsciente j’avais choisi d’emmener avec moi mon carnet d’écriture. C’était un peu comme si cela me porterait chance. Je suis arrivée avec 30 minutes de retard
aussi (ne faites pas ça hein, rires) ! Vous connaissez la suite.

J’ai dirigé différents castings pour les synopsis de mes clips que j’écris avec Christophe depuis le début. Et je suis sensible à ce que sous cette forme, les gens proposent d’euxmêmes, une version quasi exacte de la recherche alors que moi je serais capable de choisir le contraire de ce que je recherche justement, parce qu’une personne se présente dans sa vérité nue mais dans l’opposition de ce que demande ou impose le casting.

Par exemple Pour mon clip « Je ferme les yeux » je recherchais une fille qui me ressemble pour jouer mon rôle dans la mémoire labyrinthique d’une partie de mon enfance ... au final j’ai retenu une petite fille qui ne me ressemble pas du tout physiquement mais à qui j’aurai aimé ressembler et sur laquelle j’ai projeté quelque chose qui nous a lié, elle et seulement elle et moi, lors du tournage.

Ce que je veux dire c’est qu’il faut avoir aussi de l’audace et un esprit ouvert, ne pas se soumettre à tout sans broncher. Soyez créatif et ouvert envers vous-même. N’ayez peur de rien qui ne vaille la peine de freiner vos envies, écoutez-vous et aillez confiance en votre rythme. Le monde est plus riche de gens différents. Il est insipide si on se ressemble tous au fond…