“Rencontre avec Snowden” : Sylvain Bastonero met en scène le courage d’un lanceur d’alerte sur scène
“Rencontre avec Snowden” : Sylvain Bastonero met en scène le courage d’un lanceur d’alerte sur scène
À quelques jours de la première de sa pièce “Rencontre avec Snowden” au Théâtre À la Folie, Sylvain Bastonero, auteur, metteur en scène et comédien, revient sur la genèse de ce spectacle inspiré de l’histoire du célèbre lanceur d’alerte américain Edward Snowden, ancien employé de la NSA qui a révélé en 2013 l’ampleur de la surveillance de masse exercée par les États-Unis. Entre engagement politique et parcours humain, il nous explique comment rendre sur scène un personnage hors du commun, tout en offrant au public une expérience émotionnelle et inspirante.
La pièce s’inspire de l’histoire du lanceur d’alerte américain Edward Snowden. Qu’est-ce qui vous a donné envie de raconter son histoire sur les planches ?
J’ai toujours été fasciné par les lanceurs d’alerte. Ce sont des gens exceptionnels qui ont beaucoup de courage. L’idée s’est ensuite instaurée au moment de la crise sanitaire. Il y avait beaucoup d’enjeux démocratiques et des questions de surveillance qui résonnaient énormément. J’avais envie de raconter une histoire autour de ça, sans forcément parler des sujets liés au Covid-19. C’est comme cela que je me suis intéressé à Snowden, qui est une personne fascinante par rapport au sujet qu’il traite.
Comment mettre en scène une histoire si engagée ?
C’est assez dur de mettre en scène une pièce engagée car au théâtre, je pense que ce qui compte le plus, c’est le parcours du personnage. La thématique est une trame de fond. Ce qui intéresse les gens, c’est le parcours humain. Sur cette pièce, c’est dur d’arriver à mettre en scène une personne aussi exceptionnelle et assez loin du commun des mortels qui a tout sacrifié pour faire cette action héroïque. Il faut le rendre humain. Le plus important, c’est de voir son parcours et ses failles. Au fond, je pense que les gens ne viennent pas seulement voir la pièce pour son côté politique et engagé, mais aussi pour le parcours de l’être humain en tant que tel.
Il y a un autre personnage important dans la pièce. Présentez-le nous.
Dans la pièce, on parle beaucoup d’Edward Snowden, mais on parle aussi d’un autre personnage qui s’appelle Flore. Ce personnage est fortement inspiré de Flore Vasseur, une réalisatrice qui a réalisé “Meeting Snowden” en 2017. C’est un documentaire dans lequel elle part le rencontrer en Russie. J’ai voulu imaginer ce qui avait pu se passer lors de cette rencontre. Les deux partent d’un point de départ commun : les attentats du 11 septembre 2001 à New York. Flore y assiste et voit l’immeuble en feu et les gens se jeter par les fenêtres. Cela la marque profondément. Elle était businesswoman mais a commencé à se questionner sur sa vie. Pendant une vingtaine d’années, elle a pris la tangente et est devenue journaliste, puis écrivaine et enfin réalisatrice. C’est dans ce cadre qu’elle a rencontré Snowden. Son parcours est très inspirant.
Parlons casting. En tant qu’auteur et metteur en scène de la pièce, as-tu aussi participé au choix du casting ?
Oui. Je me suis forcément intéressé au casting. Travailler ces personnages est vraiment long. Je m’en rends compte en ce moment car on est en train d’alterner les rôles car l’engouement autour de la pièce grossit.
Comment as-tu dirigé les comédiens vers ce que tu voulais ?
Je m’adapte à la personne que j’ai en face de moi. Pour Snowden, l’aspect le plus important est de travailler le charisme et la prise de parole. À la base, c’est un nerd pas spécialement charismatique. Il faut réussir à travailler cette alternance et l’aspect humain. La pièce tourne aussi beaucoup sur son couple avec sa femme Lindsay. Dans l’intimité, il y a une énorme différence avec la parole publique de 2017 et encore plus avec celle du début qui n’a pas confiance en elle.
Pour Flore, c’est l’incarnation, selon moi, de Monsieur et Madame Tout-le-monde qui se questionne beaucoup et à qui on dit “ne te pose pas de questions” toute sa vie. Elle se pose beaucoup de questions. Cela rend ce personnage très intéressant. Il ne faut pas le rendre plaintif. Il faut qu’on comprenne son parcours et son trauma de base. C’est le parcours d’une femme forte, et certainement pas celui d’une femme qui, dès 2001, avait tout compris. L’idée n’est surtout pas d’anticiper le raisonnement qu’elle a aujourd’hui.
Qu’aimeriez-vous que le public retienne de la pièce ?
J’aimerais qu’il passe un bon moment. Je fais cette pièce pour rendre hommage à Snowden et Flore. Le plus important, selon moi, est d’avoir de l’empathie envers ces personnes qui ont fait des choses extraordinaires, comme Snowden. J’aimerais que les gens soient touchés par les messages, mais je ne veux pas moraliser les gens. On parle beaucoup du sujet de la surveillance de masse en ce moment. Le contrôle des réseaux sociaux est prôné par une grosse partie de la classe politique suite à divers débordements, comme ce streamer qui est mort en direct [Jean Pormanove, NDLR]. Personnellement, je suis contre ça. Si on peut aussi porter le message que c’est l’usage que l’on fait d’Internet est problématique et pas le moyen en tant que tel, c’est aussi intéressant. Mais ce n’est pas le but de la pièce. Le but est de raconter une histoire, que les gens découvrent des parcours inspirants et ressortent en disant “j’ai passé un super moment”.
Une raison de ne pas rater la pièce ?
Connaître le parcours de Snowden, c’est important. Dans cinquante ans, les gens s’en rappelleront encore. Ce n'est pas Monsieur Tout-le-Monde. Ça permet aussi de prendre connaissance de la situation en 2013 et de se rendre compte qu’au final, elle n’a pas tellement évolué aujourd’hui. On se doute qu’il y a encore des histoires de surveillance de masse, et de plus en plus. Son histoire permet d’être conscient des enjeux autour de ces questions.
Retrouvez “Rencontre avec Snowden” à La Folie Théâtre à partir du 13 novembre 2025 et jusqu’au 31 janvier 2026.
Informations pratiques :
Mise en scène et écriture : Sylvain Bastonero.
Avec : Celya Humann, Alexis Tran, Thomas Coster et Cyrielle Buquet.
Jours de représentation : les jeudis, vendredis et samedis soirs à 21h30.
Lieu : À La Folie Théâtre. 6 Rue de la Folie Méricourt, 75011 Paris.