Florence Mendez, une humoriste pas si Délicate que ça!

Florence Mendez, une humoriste pas si Délicate que ça!

Florence Mendez, une humoriste pas si Délicate que ça!

FM : Je m'appelle Florence Mendez, je suis humoriste, autrice, chroniqueuse belge. Je travaille pas mal en France, et mon spectacle Délicate parle de santé mentale, du diagnostic d'autisme sans déficience que j'ai reçu à l'âge de 30 ans, et des soucis de santé mentale que j'ai rencontrés. Mais surtout, il raconte comment je m'en suis sortie.

Ce spectacle, je le joue encore jusqu'à fin juin, tous les mardis à 19h30 au Théâtre Métropole, et la dernière représentation, c'est le 24 juin..

Tu as été diagnostiquée HPI et autiste, et tu es engagée pour les droits des femmes. En quoi ces facettes de ton identité ont-elles influencé ton parcours artistique ?

FM : Je pense que tout ce que je fais artistiquement a pour but d’essayer de rendre le monde un peu meilleur pour les gens qui souffrent. Donc le fait d’être autiste et de pouvoir en parler, ça permet d'aider d'autres personnes qui n'ont pas encore reçu leur diagnostic, ou qui l'ont eu mais vivent les mêmes souffrances que celles par lesquelles je suis passée.

Tout ce que je suis et tout ce que je fais est vraiment au service de cette idée : faciliter un peu la vie des gens opprimés, des gens qui galèrent dans un monde qui n'est clairement pas tendre. C'est pour ça que je monte sur scène, que je fais des chroniques à la radio.

Tu parles souvent du syndrome de l’imposteur. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?

FM : C’est vraiment un syndrome qui m’a longtemps empêchée de faire des choses. Je n’arrivais même pas à me mettre au travail parce que je ne me sentais pas légitime. Par exemple : écrire un roman. C’était un rêve pendant extrêmement longtemps, et je ne suis jamais parvenue au bout parce qu’à chaque fois, je me disais : je ne suis pas assez douée, personne ne va me lire, ce n’est pas mon domaine, etc. Et puis un jour, j’ai réussi à me débarrasser du syndrome de l’imposteur, pas définitivement, parce qu’il revient, mais ce jour-là, je me suis simplement mise au travail. J’ai trouvé ce qu’il me manquait pour me lancer. Finalement, je l’ai fait. Et plutôt bien fait, je pense. 

Beaucoup de femmes souffrent de ce syndrome. On voit beaucoup d’hommes se lancer sans se poser les dix mille questions qu’on se pose en tant que femmes : Suis-je légitime ? Suis-je compétente ? Je suis contente d’avoir un peu dépassé ça, même s’il revient souvent. En tant que femme, on doit apprendre à ne pas se laisser limiter par nos impressions, par notre modestie. Non, allons-y !

Quelle place occupent aujourd’hui les femmes dans le milieu de l’humour ?

FM : Il y a clairement des différences de traitement entre les humoristes femmes et hommes. On pardonne beaucoup moins à une femme une blague ratée, un bide. Par principe, une femme est censée être moins drôle qu’un homme. Il suffit de lire les commentaires sur les réseaux sociaux : beaucoup d’hommes partent du principe que les femmes ne sont pas drôles. On peut traiter les mêmes sujets, par exemple la sexualité, et ça passera beaucoup mieux chez les hommes. 

Monter sur scène en tant que femme humoriste, c’est transgresser un ordre social : on est censées être discrètes, cachées, pas trop visibles. Donc oui, il y a des différences de traitement du public, mais aussi au niveau des salaires. On n’est pas payées pareil. Moi, en tant qu’humoriste femme, je ne suis pas rémunérée comme un homme le serait.

Et l’humour reste un microcosme, donc en tant que femme, on est exposées aux mêmes risques et aux mêmes problèmes que dans tous les autres domaines de la société. Ce n’est pas facile, mais on se bat pour faire notre place, et pour qu’elle soit respectée. Il va falloir compter sur les femmes dans l’humour, un point c’est tout.

Dans ton humour, tu abordes des sujets de société très sérieux, notamment les droits des femmes. Quel message cherches-tu à faire passer avec ton spectacle ?

FM : Pour les femmes en particulier, c’est de dire que la lutte est loin d’être terminée. On ne doit pas se reposer sur nos acquis. Il y a encore beaucoup à conquérir.

L’égalité se fait attendre, et elle ne viendra qu’à force de combat. 

Je suis très intersectionnelle dans mes luttes : racisme, validisme, droits des personnes LGBT, etc. Il faut arrêter d’attendre que tout nous tombe dans la bouche. Il faut se battre. Il faut lutter contre les injustices, même celles qui ne nous touchent pas directement. Parce qu’une injustice dans un domaine finit toujours par impacter les autres. Et l’art doit servir à ça. L’art et la culture, il n’y a rien de mieux pour lutter contre les extrêmes.

Tu penses qu’en tant qu’artiste, tu as une responsabilité envers ton public ?

FM : Bien sûr. Et plus je grandis en tant qu’artiste, plus cette responsabilité augmente.

Plus il y a de gens qui m’écoutent, plus c’est mon devoir de dire des choses qui peuvent faire avancer le monde. Je ne juge pas ceux qui font juste du divertissement, mais moi, je n’ai pas envie de faire oublier aux gens que le monde va mal.

Mon art est là pour servir le changement. Je veux que mes propos nourrissent des révolutions, des combats, qu’il y ait moins d’injustice. Je veux être une étincelle qui allume un grand feu pour faire bouger les choses. Faire des blagues inoffensives à la radio quand, dans l’actualité, on annonce des horreurs... ce n’est pas mon délire. Moi, je veux que les blagues que je fais à la radio donnent envie aux gens de se rebeller. C’est important !

Quel conseil donnerais-tu aux artistes qui cherchent à trouver leur propre voix ?

FM : La première chose, c’est l’humilité. Accepter qu’on ne sera pas le meilleur tout de suite. Tu vas te planter. Tu vas dire des conneries. Tu vas être à côté de la plaque. Il faut écouter ceux qui sont passés par là avant toi... mais pas trop non plus. Il faut aussi faire ton propre chemin. Et un conseil que je donne toujours, c’est celui de l’intégrité.

L’intégrité, c’est quelque chose qu’on ne regrette jamais dans ce métier. Interroge-toi : quels sont mes objectifs ? Mes envies ? Et tout ce qui pourrait te faire avancer plus vite mais qui ne te ressemble pas... laisse tomber.

Reste toi-même. Ne te compromets pas. Moi, j’aurais pu aller plus loin dans ma carrière si j’avais fait certains compromis, si j’avais fermé ma gueule. Je ne l’ai pas fait, et je n’ai aucun regret. Je suis exactement là où je dois être. Je peux me regarder dans un miroir, et ça, c’est important.

Dans nos métiers, il y a beaucoup de sirènes, de lumières, ça brille. On voit les parcours des autres, on se dit : tiens, moi aussi je pourrais... Mais au final, si c’est pour faire des choses qui ne te ressemblent pas, je ne suis pas sûre que ça en vaille la peine.

Trois mots pour convaincre les gens de venir voir ton spectacle ?

FM : Trois mots ? Ah ! Venez et voyez.

Les gens sont toujours surpris. Ils ne s’attendent jamais à ce qui se passe sur scène dans Délicate. Donc : venez et voyez. Je crois que c’est Jésus qui a dit ça, peut-être.

Informations practiques:

FLORENCE MENDEZ dans Délicate
Du 10 juin 2025 au 24 juin 2025

LE METROPOLE
39 RUE DU SENTIER 75002 PARIS
LOC : 01 42 36 85 24

M° BONNE NOUVELLE / SENTIER

Billets disponibles dans tous les points de vente habituels.

 

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